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  • Pauline Clément

Glossaire : 20 termes qui caractérisent l'afroféminisme

Dernière mise à jour : 15 janv. 2020

Mots valises ou inconnus du dictionnaire Larousse, voici un guide pour déchiffrer les mots-clés de cette enquête.



Afrodescendante : femme d’ascendance africaine (source : Wiktionnaire). Selon Sharon Omankoy, fondatrice du collectif afroféministe Mwasi, voici ce que cela implique : "Etre Afrodescendante c’est une multitude d’identités. C’est déjà être fière de sa couleur de peau, de la valoriser comme on en a envie. C’est connaître l’histoire de sa communauté. Mais aussi celles des diasporas africaines à travers le monde. Etre Afrodescendante, c’est se sentir concernée par ce qui touche les Africaines et les descendants du continent africain. (source: article "Vision de l'afro-féminisme" de la journaliste Melody Thomas, sur le site People-Bokay.com)


Afropéenne : contraction des termes "africain" et "européen", le terme "afropéen" (afropean) renvoie à une nouvelle catégorie d’identification qui a émergé de l’expérience diasporique africaine (des populations subsahariennes et afrodescendantes) en Europe. Il est entré dans l’usage grâce surtout au travail des artistes de la diaspora africaine comme Léonora Miano, écrivaine d’origine camerounaise installée en France qui revendique l’« afropéanité » qu’elle articule dans ses oeuvres, ou Baloji, rappeur belgo-congolais. Plus récemment, le terme a eu droit de cité dans les médias français grand public autour du travail théâtral d’Eva Doumbia qui repose sur les travaux de Miano. Doumbia précise avoir découvert le terme « afropéen » dans le recueil de nouvelles Afropean Soul (2008) de Miano et son roman Blues pour Elise (2010), sous-titré "Séquences afropéennes" (source : article "Le blanchiment de l'intersectionnalité" de Sirma Bilge, professeure de sociologie, pour la revue Recherches féministes)


Anti-racisme pour une personne blanche : déconstruction des avantages immérités liées à la blanchité (source : article de recherche "Anthropologie et blanchité. Une histoire cousue de fil blanc" par Marie Meudec, anthropologue, diplômée en ethnologie et sociologie, pour la revue Raisons Sociales)


Blanchiment : ensemble de discours et de pratiques qui évacue la pensée critique raciale de l’appareillage actuel de l’intersectionnalité et marginalise les personnes racialisées comme productrices des savoirs intersectionnels, des débats et des espaces universitaires contemporains (source : article de recherche "Les mondes possibles des féminismes contemporains" par Stéphanie Pahud, linguiste, et Marie-Anne Paveau, professeure en science du langage, pour la revue Itinéraires : littérature, textes, culture, dans le numéro "Féminismes quatrième génération : textes, corps, signes")


Blanchité ou blanchitude ou "whiteness" : en sciences sociales, notion qui décrit le fait d'être blanc·he comme une construction politique, ce qui induit la même chose pour toutes les conditions minoritaires (source : Rokhaya Diallo, journaliste et militante féministe anti-raciste, dans l’article "Le concept de blanchité n'a rien à voir avec la couleur de peau" sur Slate.fr)


Blantriarcat : la domination masculine et blanche (source : article "« Ne nous libérez pas, on s’en charge » : le cri des afroféministes" par le journaliste reporter Pierre Sorgue, sur lemonde.fr)


Charge raciale : système qui impose au groupe dominé racialement de gérer et de rassurer le groupe dominant. C’est-à-dire qu’il revient aux dominés de ne pas faire état de leur subalternité afin de ne pas déranger les dominants. Et même lors des discussions autour de cette inégalité, le groupe dominant doit pouvoir garder son confort, son privilège, sa centralité. (source : article "Bas les Masques !" par Maboula Soumahoro, maîtresse de conférence, spécialiste de la civilisation américaine et de la diaspora africaine, sur Libération.fr)


Colorisme : fait, au sein d’un groupe ethnique, de valoriser celles et ceux qui ont la peau plus claire, au détriment des personnes plus foncées (source : article "Qu'est-ce que le colorisme et pourquoi c’est un problème ?" par Tiphaine Guéret, sur Glamourparis.com)


Ethnocentrisme : point de vue de féministes blanches et bourgeoises, qui concilient privilèges de classe et de race avec une expérience de dominées au sein des rapports sociaux de sexe. Ceci a pour effet de « braquer » les femmes victimes de racisme et de les éloigner du mouvement féministe en raison de leur solidarité avec leurs frères, père, mari, etc. (source : Franck Freitas Ekué, doctorant à l’université Paris 8, dans un article commentant l’ouvrage "De la marge au centre. Théorie féministe" de l'auteure américaine Bell Hooks)


Féminisme blanc ou "white feminism" : féminisme occidental majoritaire, porté par des femmes blanches et bourgeoises, qui n’ont jamais fait l’expérience du racisme. Ce sont des femmes qui ne sont pas issues de l’immigration. (source : Hanane Karimi, porte-parole du collectif Femmes dans la mosquée, pour l'article "Musulmanes, femmes noires: les féministes accusées d'ignorer les minorités" de Lucile Quillet sur madame.lefigaro.fr)


"Fémonationalisme" : le fait de défendre un discours nationaliste au prétexte du féminisme ou de la défense des femmes plus généralement (extrait du livre de la chercheuse Sara R. Farris "In the Name of Women’s Rights. The Rise of Femonationalism", d'après un article de Dina Bader pour la revue Nouvelles Questions Féministes)


« Fémisogynie » : 1. Relatif au paradoxe d’un discours féministe illustré par des actions misogynes 2. Féministe ayant recours à des actes misogynes (d'après un tweet de Lucie Otto-Bruc)


Flamboyance : création personnelle et collective d’une conscience noire émancipée et autonome, d’une beauté créative, transgressive et d’un nouveau rapport au «prendre soin» dans un contexte de sororité politique positif et inclusif, sur des bases saines. (source : manifeste « AFROFEM » du collectif Mwasi, aux éditions Sylepse).


Fragilité blanche ou white fragility : créé en 2011 par l'universitaire américaine Robin DiAngelo, c’est le fait que les personnes blanches ont grandi dans des sociétés qui les protègent de tout stress lié à leur couleur de peau. Cela explique comment un minimum de stress racial devient alors pour celles-ci intolérables. Il en résulte bien souvent des réactions de défense, comme de la colère ou de l'opposition. (source : Rokhaya Diallo, journaliste et militante féministe anti-raciste, dans l’article « Pourquoi il faut en finir avec l'expression "racisme anti-Blancs"» sur lesinrocks.com)


Intersectionnalité : créée par la juriste et professeure de droit américaine Kimberlé Crenshaw en 1991, c’est un terme désignant le fait que l’on puisse subir à la fois racisme et sexisme, et que ces oppressions ne s’accumulent pas comme les couches d’un plat de lasagnes mais créent ensemble une forme particulière de racisme et de sexisme. Dans le cas des femmes noires, on parle de misogynoir avec la racialisation du sexisme. (source : manifeste « AFROFEM » du collectif Mwasi, aux éditions Sylepse). Il désigne aujourd'hui une discrimination plurielle, où s'entremêlent race, genre et classe sociale.


Mysoginoir : contraction du terme anglais « mysoginy » et du mot français « noir », la misogynoir désigne la misogynie spécifiquement dirigée contre les femmes noires. Ce terme a été inventé par Moya Bailey, militante queer noire étatsunienne, auteure du blog The Gradient Lair. Il a été utilisé pour la première fois en 2010 dans un blog de Crunk Feminist Collective (The Visibility Project, 2014).


Négritude : ensemble des caractéristiques et valeurs culturelles des peuples noirs, revendiquées comme leur étant propres, ainsi que l'appartenance à ces peuples. Il a été créé vers 1936 par les poètes et hommes politiques français Aimé Césaire (1913-2008) et Léopold Sédar Senghor (1906-2001) pour se placer du côté du sentiment des personnes de couleur noire et pour s'approprier la meurtrissure infligée par l'Histoire. Lié notamment à l'anticolonialisme, le mouvement influença par la suite de nombreuses personnes proches du Black nationalism, s'étendant bien au-delà de l'espace francophone. (source : Wikipédia)


Passe-blanc ou "white-passing" : condition d’une personne métisse ayant des caractéristiques physiques plus proche d’une personne blanche que noire, lui octroyant ainsi plus de privilèges sociaux. (source : site du collectif afro-féministe Mwasi)


Psy situé.e ou psy "safe" : médecin spécialiste de la psychologie ou de la psychiatrie, qui a conscience des discriminations et oppressions systémiques, qui les prend en compte et qui cherche à les exclure de ses pratiques : racismes, patriarcat, validisme, classisme, âgisme, transphobie... (source : site internet Psy Safe et Inclusifs)


Racisation : fait d’être assimilé à une race et de subir des discriminations liées à cette assignation. Une "femme racisée" est doublement stigmatisée, à la fois en tant que femme et en tant que noire, asiatique, arabe… (source : article "Pourquoi l’afroféminisme crispe-t-il autant la France?" par les journalistes Mélanie Chenouard, Charlene Rautenberg et Thierry Millotte, sur le site info.arte.tv)


Sista(h) : dérivé de l'anglais "sister" qui signifie soeur, issue de la musique reggae. Ce terme implique la couleur noire de peau comme lien entre ces "soeurs".


Pour aller plus loin, un lexique exhaustif est disponible sur le blog d’Emy.

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